Hermann Lugan

Tous les mois, Dauphine Culture met en lumière le parcours, le projet, ou la structure d’un ancien de notre réseau. En mars, nous partons en Allemagne à la rencontre de Hermann Lugan, Responsable du Bureau du Théâtre et de la Danse, Institut Français. Hermann nous éclaire sur son choix de s’engager à l’international et sur les rencontres qui ont semé son parcours depuis le master.

 

Pourquoi avoir choisi le master Management des Organisations Culturelles ?

J’ai suivi ce master en formation initiale en 2002-2003. J’avais fait quelques stages, j’avais fait un mémoire de maîtrise d’histoire culturelle, j’avais des idées théoriques mais il me semblait qu’il me manquait une boite à outil de gestion et il me semblait que ce master était celui qui offrait le plus directement et de la manière la plus structurée ces outils pratiques.

Par ailleurs, c’est la formation de management culturel la plus ancienne créée dans les années 1980 alors que l’augmentation sans précédent des crédits disponibles pour la culture exigeait une professionnalisation du secteur. De ce fait, il est très connu et reconnu dans le secteur. D’autres formations comme celle des IEP se sont aussi affirmées depuis. Mais à l’époque c’était quand même un sésame précieux pour entrer dans le secteur.

Quel a été l’impact de cette formation sur votre parcours professionnel ?

Dans le cadre de la formation nous avons rencontré des professionnels importants. Pour moi cela a été Laurent Dréano, alors Coordinateur de Lille 2004 Capitale Européenne de la Culture. Il était venu travailler un cas de gestion de production d’une exposition à la Villette. Quand j’ai cherché un stage en fin de master , je lui ai écrit et c’est comme ça que je me suis retrouvé à Lille pour cette expérience incroyable et fondatrice que fut pour moi Lille 2004.

Je repense souvent aux cours suivis. Je pense que j’ai tout appris après mais le Master a structuré ma pensée, m’a donné des clefs, des boîtes à outils vers lesquelles j’ai toujours pu me tourner par la suite.

Pouvez-vous nous parler du poste que vous occupez actuellement ?

Actuellement, je suis responsable du Bureau du Théâtre et de la Danse en Allemagne. Ce relais spécialisé spectacle vivant est un dispositif un peu à part de la diplomatie culturelle de la France. Il y a quelques relais spécialisés comme celui-ci dans des zones où l’on a considéré pour diverses raisons qu’il y avait un enjeu à développer les coopérations et soutenir la présence des artistes français. L’Allemagne est le grand pays voisin, le premier espace d’export de la danse française notamment. Je travaille sur des projets de coopération, gère un fonds de coproduction franco-allemand, la traduction et la promotion de textes dramatiques francophones, la promotion des échanges entre formations supérieures artistiques du secteur. Mais c’est aussi au niveau des idées que l’international nous enrichit de la variété des perspectives. C’est ainsi dans le dialogue avec des collègues allemands et européens que j’ai pu lancer l’initiative Where to land, embedding European performing arts in the new Climate Regime, dont le sens est dans le titre.

Pourquoi avoir choisi de travailler à l’international et quelles en sont les particularités ?

Je suis franco-allemand. Du fait de cette double culture j’ai toujours expérimenté le sentiment d’être un peu partout et nulle part à la fois, toujours regardé avec méfiance les discours d’appartenance, visant à reléguer les uns et les autres à des identités prédéfinies. Depuis Lille 2004 mon parcours est intimement lié à l’international. J’ai participé au développement du travail international du Phénix, la scène nationale de Valenciennes, ai fait partie de différents réseaux européens, fait partie du conseil consultatif de l’IETM, animé le groupe Europe du Syndeac. Et puis en 2017 cette opportunité de poursuivre mon parcours en Allemagne avec pour mission de faire dialoguer mes deux cultures s’est offerte à moi. Les particularités d’une telle situation sont multiples. D’abord c’est une expérience de vie de déménager toute sa famille à l’étranger, d’y trouver de nouvelles marques. Et puis on découvre les contraintes et les joies de la diplomatie française, inscrite dans une longue histoire et des fonctionnements bien ancrés.

Pouvez-vous nous confier 3 compétences incontournables pour exercer votre métier ?

L’écoute, la curiosité et l’envie.